La cession d'une entreprise sous différents points de vue.
On pourrait dire que la cession d’une entreprise est une démarche stratégique. Et pourtant, c’est avant tout une histoire d’hommes et de femmes.
La comparaison est souvent faite entre l’entreprise et nos enfants.
Imaginez-vous céder l’un de vos enfants ? Et bien non, on transmets, on accompagne, mais ce n’est pas possible de tout arrêter. C’est dans cette logique, que nous allons vous proposer aujourd’hui un article qui est plus focus sur la réalité, que sur la théorie.
Regardons à travers les yeux des trois acteurs clés : le cédant, le repreneur, et les salariés.
Vue par le Cédant : une rencontre et l’administratif
a. l’aventure d’une cession
De l’envie de céder à l’acte de céder, il peut y avoir un grand fossé. Et surtout quelques années.
La cession est d’abord une période de transition pour vous, dans laquelle on vous demande de toujours justifier, montrer et démontrer. Et ce en toute confidentialité. En effet, vous devrez trouver des documents, parler de votre entreprise, retrouver les titre de propriétés, et tout cela dans le plus strict secret. Ce qui est lourd psychologiquement, car l’exploitation doit continuer, et vous en êtes une grande partie prenante.
De manière anonyme, une femme dirigeante et cédant son entreprise nous partage : “C’est surtout une rencontre avec une personne en qui vous projetez l’avenir de votre entreprise, et le fait qu’il prenne soin des salariés. Quand je l’ai rencontré, c’était tout mon opposé. Je suis grande, allemande, rigoureuse, chimiste. Il est petit, multi-expériences et ingénieur dans les télécoms. Et pourtant, nous avons construit la confiance au grè de nos échanges. Il a visité l’usine un week-end avec sa famille. Et après la signature de la LOI, je l’ai présenté aux salariés comme leur nouveau patron.”
Presque comme un sixième sens, faire confiance à une personne marque le véritable début de l'aventure. Il est alors temps de se plonger dans le marasme administratif.
b. Ses priorités juridiques
- La valorisation de l'entreprise: maximiser la valeur en vue de la cession, en soignant la présentation de l’entreprise, ou des parts sociales, ou encore du fonds de commerce.
- La préparation de l'acte de cession: s'assurer de la conformité de tous les documents, y compris l'acte de cession, qui doit être rédigé sous seing privé ou devant notaire. Globalement, vous entendrez ici parler d’une data-room. Boîte mystérieuse qui classe et structure, permettant ainsi aux experts (juridiques et comptables) d’accéder aux informations de manière sécurisée.
- La négociation du prix de cession: établir un prix de cession juste, en tenant compte tant des aspects financiers que des implications légales de l'opération.
- La transition et cession définitive: assurer une transition fluide, avec une cession définitive qui respecte à la fois le cédant et le repreneur. Et envisager une période de transition entre les deux.
Vue par le repreneur : les richesses humaines, cadrer et pourtant ne rien maîtriser
a. L’aventure humaine d’une reprise
Tout passe par l’humain, un repreneur doit avoir la confiance du repreneur, la confiance des banquiers et surtout la confiance des salariés. Sans cette tripartite, l’aventure se révele complexe.
"Les ressources humaines constituent l'actif le plus précieux d'une entreprise. À l'arrivée, il y a souvent une méconnaissance du métier de chacun, sans parler du secteur d'activité lui-même. Ce sont donc les employés et leur confiance qui permettent à l'entreprise de se développer. La recommandation serait de ne rien changer pendant les deux premiers mois : écouter les collaborateurs, observer, et ainsi apprendre." Témoignage d'un repreneur d'une PME agroalimentaire en Vendée.
b. Les conseils partagés par des ex-repreneurs
- Définir clairement l'objectif : Il est essentiel de cibler spécifiquement un secteur d'activité, une zone géographique et une typologie d'entreprise (nombre de salariés, chiffre d'affaires) pour rester concentré sur cet objectif partagé.
- S'assurer un soutien juridique et comptable solide : Les experts actuels sont des piliers sur lesquels compter pour l'avenir. Établir une relation de confiance dès le début et leur permettre de partager leurs analyses complètes aide à économiser du temps lors de la reprise.
- Cultiver la résilience : Le processus de reprise est long et peut s'avérer complexe. Des témoignages révèlent des parcours semés d'embûches, comme l'examen de 49 sociétés avant une reprise réussie, ou des négociations de 9 mois même en cas d'accord initial. La résilience est également cruciale face aux proches qui questionnent sans cesse la viabilité du projet.
Vue par les Salariés
a . La force de cette richesse humaine
L'incertitude est grande lorsqu'un nouveau patron prend les rênes du jour au lendemain, surtout quand cette personne n'est pas familière avec le secteur d'activité. Il est nécessaire d'avoir confiance en le fait que l'emploi dépend désormais de cette personne.
Il s’agit aussi d’une belle opportunité pour certains repreneurs de proposer un actionnariat salarié. Et cela peut être une disscussion à avoir entre les salariés et le dirigeant, cédant et repreneur. D’une certaine manière, cette entreprise, c’est aussi leur engagement quotidien et ce depuis quelques années.
b . Leurs préoccupations majeures
- La sécurité de l'emploi post-cession: se questionner sur l'impact de la cession sur leur emploi, sur une restructuration, ou encore lorsque le fonds de commerce est impliqué.
- La clarté de l'information: souhaiter une communication transparente concernant la cession, le mode de cession, et la date de l'acte de cession. La Loi vous y oblige maintenant à partir d’une certaine date, il est pourtant important d’en parler et de faire les présentations avec le repreneur.
- La culture d'entreprise et cession: s'inquiéter des changements potentiels dans la culture d'entreprise suite à une cession ou à une reprise d'entreprise.
- L’opportunités post-cession: chercher à comprendre les opportunités de développement professionnel suite à la cession d'entreprise.
Conclusion
La cession d'une entreprise est un processus complexe et multi-facettes. Un accent particulier doit être mis sur l'humain, qui est au coeur de toute cette aventure. Que ce soit avec un dirigeant, un repreneur, les salariés ou encore les parties prenantes et experts.